Quelle est ma motivation à peindre ?
Comment pourrais-je définir ma peinture ?
C’est l’expérience du sacré qui m’anime. L’ordre dans lequel je fais les choses, la relation entre les éléments qui m’entourent, visibles et invisibles. La conscience que je cultive dans la pratique de la peinture est un tout, de la même façon qu’on pratique un art martial, ma peinture est l’image visuelle de cette pratique. On parle quand même ici d’une vie spirituelle active, un état d’être que je cultive depuis toujours. Mes tracés sont libres et prennent leur élan dans la confiance que j’ai dans ce rapport secret avec la vie.
Ma peinture est une pratique sacrée issue d’un état d’esprit méditatif, une méditation active. Les tableaux noir et blanc traduisent bien cet état de rêve éveillé, ce monde « irréel »…
L’harmonie se compose et se forme dans l’espace d’un instant intime avec l’inconnu. Les facteurs espace/temps sont importants, ils mettent en lumière le vide et le plein, la substance impliquée est bien au delà de la matière visible.
J’ai toujours utilisé ce mode de création, dans le verre comme dans la peinture. Ce sont des élans matures, des tracés libres, des intentions pures. Quelle autre approche pourrait mieux servir à se détendre face aux questions existentielles ? Cette idée obsessive de vouloir tout savoir, savoir pourquoi… tout comprendre même en image. Cette approche apaise toutes tentatives du genre humain et provoque une attitude moins certaine mais plus claire dans un rapport avec tout.
Dans mes œuvres de verre, le verre incarne la même substance, l’art, mais son intrigue matérielle (presqu’immatérielle, ni liquide ni solide) peut facilement masquer sa valeur spirituelle, on est intrigué par la matière, la réflexion artistique n’est pas la même puisque le visuel est très fort. Un peu comme le corps matériel de l’homme a ses dimensions visibles et invisibles, c’est sa dimension invisible qui nous intrigue même si le visuel est très captivant à prime abord… L’écriture ici est un tremplin pour décrire un certain état d’émerveillement, la peinture est pour moi un océan sur lequel je surf, la méditation étant son fond dans lequel je me repose pour mieux incarner la sensation de vivre à l’extérieur de l’eau.
Dans ce sens, ça explique mon attrait pour le papier japonais sur lequel j’ai commencé à peindre, le papier contribue à l’œuvre pour une grande part mais la matière en soi est discrète voire minime comme impact visuelle du tout. Un papier de grande qualité favorise l’expérience méditative lorsqu’elle se matérialise, la peinture se dépose et se forme naturellement avec les mouvements du pinceau.
Sur le plan rationnel et relationnel, je pratique le Feng Shui et l’astrologie chinoise pour maitriser les notions d’harmonie à partir des éléments, pour mieux vivre mon rapport avec la vie dans mon environnement humain et matériel…
Dans un champ unifié de conscience, ma vie est une méditation, un tout et tout ne s’explique pas vraiment mais disons que pour un moment, pour mieux comprendre, le créateur se retire de la création, que la création proprement dite se place aux contreforts de l’esprit, la création se contemple…
La vie est matérielle, parfois visible, parfois invisible, c’est le plus concret que j’ai trouvé pour définir le calme que je peins.
Mes tableaux sont vivants, c’est une peinture plus vive que la mémoire, elle s’apparente à celle des expressionnistes abstraits et minimalistes, elle est inspirée de l’élan des automatistes et de toutes les vieilles traditions de l’orient et du Moyen Orient, notamment, les arts de la calligraphie, des cartouches ou hiéroglyphes. C’est une forme de conscience appliquée, de l’abstrait pur.
L’abstrait pur, par la substance impliquée, est bien au-delà de la matière visible, c’est une vibration dérivée de l’Art.